|
Le rock-steady a une durée de vie encore plus courte que le ska, puisqu'en 1968, un titre de Toots and the Maytals apparaît : Do The Reggae , qui devient pour beaucoup l'acte de naissance officiel de ce genre. Cette naissance a donné lieu à d'autres interprétations sémantiques : selon certains, ce nom tire son origine du mot "streggae", voulant dire "violent" ; pour d'autres, "reggae" provient de la contraction des deux mots "regular" et "guy" ("regguy").
Qu'est-ce qui distingue le reggae des styles précédents ? Principalement trois éléments.
D'abord, l'importance accrue de la section rythmique, en particulier d'une basse au son imposant et de la batterie, dont le rythme syncopé est essentiel. Ensuite, son aspect "ondulant" et progressif, qui fera que le reggae sera rapidement considéré comme une musique "hypnotique" (avec l'imagerie afférente aux substances illicites...). Enfin, dès ses débuts, le reggae s'affirme comme un style musical revendicatif, prônant des thèses politiques et religieuses, en accord avec l'évolution de la Jamaïque, et en particulier le message du rastafarisme .
Soleil et insouciance pour les occidentaux, révolte et revendication pour les jamaïcains, le reggae est surtout devenu le terreau du développement du rastafarisme, cette religion (ou spiritualité) typique du ghetto jamaïcain, qui prône le retour à l'Afrique (mouvement Back to Africa ), et qui eut pour prophète local Marcus Garvey .
Le rastafarisme, né pendant les années 30, avait pour objet la vénération du dernier empereur d'Ethiopie, Haïlé Sélassié 1er (Ras Tafari : Dieu Noir). Au fil du temps, le rastafarisme est devenu une véritable religion en Jamaïque, elle-même indissociable de la consommation de ganja (herbe), drogue douce qui permettait d'approcher Jah (Dieu).
En peu de temps, le reggae trouve dans le public rock occidental une sorte de relais de ses thèses, d'autant que celui-ci se lassait des frasques de ses rock-stars. Les messages du reggae sont simples : oppression de Babylone (l'Occident), amour, conscience universelle, émancipation du Tiers-Monde... C'est justement cette simplicité qui va rapidement convertir les publics occidentaux.
Précedent
|